Descartes à Amsterdam

" Maintenant à la maison de Descartes. Nous côtoyons d’innombrables canaux où glisse lentement la file ininterrompue des lourds chalands. En passant, nous saluons le dernier asile où s’abrita la vieillesse de Rembrandt. Et nous voici au quartier lointain dont l’isolement tenta jadis l’inquiétude du philosophe. On me dit que l’endroit n’a pas dû beaucoup changer. C’est une petite place fermée d’un côté par une vieille église de briques noircies par le temps, — la Westerkerck, que contempla Descartes, — et plantée d’arbres dont les feuilles jaunies jonchent le sol. De l’autre côté s’alignent des maisonnettes également en briques. L’une des plus étroites, — une porte basse, deux longues fenêtres à hautes impostes, le tout surmonté d’un pignon à escalier, — offre aux regards une plaque encore voilée, au-dessus de laquelle les deux drapeaux français et hollandais mêlent leurs plis. A la minute où se découvre l’inscription attestant que René Descartes a vécu là, les applaudissements éclatent dans la foule et montent vers nos trois couleurs… "

 

Revue des Deux Mondes6e période, tome 60, 1920 (p. 151-156).